Alternative aux déodorants chimiques, la Pierre d’Alun est très souvent proposée comme une solution simple, naturelle et efficace contre la transpiration. Or, naturelle ne signifie pas inoffensif d’autant plus que, comme son nom l’indique, elle contient de l’aluminium, substance reconnue toxique pour l’organisme.
Alors quid de la pierre d’alun? Est-elle potentiellement toxique? totalement inoffensive?
Nous vous proposons de faire le point sur une polémique qui, si elle a toujours existé, enfle depuis quelques mois et de vous expliquer pourquoi Beauté au Naturel a choisi de continuer de proposer la pierre d’alun.
Retrouvez deux parties à notre billet (+ les sources que nous avons utilisées) et choisissez celle qui vous conviendra le mieux :
- En bref… La position de Beauté au Naturel en quelques lignes…
- Pour aller plus loin : retrouvez les origines de la polémique, ce qu’est la pierre d’alun et tous les arguments en présence plus dans le détail.
- Pour aller encore plus loin : nos sources…
EN BREF…
- La pierre d’alun est un sulfate double de potassium et d’aluminium hydraté, soit un sel d’aluminium, double.
- D’après les éléments que nous avons recueillis, le risque quant à l’utilisation d’un déodorant contenant un sel d’aluminium est le passage de ce sel d’aluminium à travers la peau car, une fois dans l’organisme, l’aluminium est, entre autre, un neurotoxique(1). Si il existe des études scientifiques publiées prouvant le passage transcutané des chlorures d’aluminium ( sels d’aluminium utilisés dans les anti-transpirants chimiques) sur peau saine comme sur peau lésée, l’Afssaps reconnait le manque « de données de caractérisation physico-chimiques et/ou d’absorption cutanée qui permettrait de voir si l’aluminium de la pierre d’alun est biodisponible dans le corps humain »(1).
- Les avis et les argumentaires des scientifiques sur le passage transcutané de l’aluminium de la pierre d’alun dans le corps sont divergents. Difficile de se faire une opinion tant qu’il n’y aura pas d’étude reconnue… Cependant, les éléments dont nous disposons à ce jour sont rassurants quand il s’agit d’une application sur peau saine (6 et 7). En effet, l’alun potassium est décrit comme chimiquement inerte, stable et peu soluble. De taille trop importante, les molécules ne peuvent pas passer à travers la peau et sont éliminées par rinçage à l’eau ou par la transpiration (4 et 6). Sur peau lésée par contre (rasée ou épilée), le passage de la molécule semble possible, même si des arguments existent pour appuyer la totale innocuité de la pierre d’alun y compris sur peau lésée (7).
- Une chose est sûre : il faut éviter tout déodorant contenant des chlorures d’aluminium. De la même manière, tout le monde semble s’accorder sur le fait qu’il faut proscrire l’utilisation de l’ammonium d’alun, une sorte de pierre d’alun mais de synthèse dont les caractéristiques chimiques semble favoriser la pénétration d’aluminium dans l’organisme (voir plus bas).
=> Sur la base de ces éléments, Beauté au Naturel a choisi de continuer de proposer la pierre d’alun tant qu’il s’agit d’alun potassium exclusivement.
Par principe de précaution, nous suivrons enfin les recommandations de l’Afssaps en indiquant sur chacun de nos descriptifs produits de ne pas utiliser la pierre d’alun sur peau lésée, même si pourtant la pierre d’alun a de grandes vertus sur ce type de peau et est, au contraire, souvent même recommandée dans ce type de cas pour ces vertus astringentes.
POUR ALLER PLUS LOIN
Les origines de la polémique
L’omniprésence de l’aluminium dans notre vie quotidienne est problématique, nous le savons (voir notre billet sur l’aluminium et les laits infantiles). Si ce métal est idéal pour la fabrication de nos cannettes et de nos avions, il est en effet inutile et même dangereux pour notre organisme(5).
Selon l’Afssaps, en effet, « il est avéré que de fortes teneurs en aluminium (dans le corps) peuvent être toxiques pour le système nerveux et les os et provoquer des anémies (2) ». « Les résultats des études menées pour savoir si il favoriserait la maladie d’alzheimer sont (par contre) contradictoires »(1). D’autres scientifiques, même si leurs hypothèses ne sont pas confirmées, soulignent que l’application répétée sans rinçage de déodorants, crèmes, lotions et autres cosmétiques plusieurs fois par jour, parfois sur peau rasée ou épilée donc lésée, est à mettre en lien avec un pourcentage croissant de cancer localisés dans la région mammaire la plus proche de la poitrine(5). Dans l’organisme, enfin, l’aluminium peut agir comme un perturbateur endocrinien (5).
Tout le monde est donc au moins d’accord sur un point : il est essentiel de limiter les voies d’exposition de l’organisme à ce matériau. Or, différentes études dont celles de l’équipe du Docteur Olivier Guillard, biologiste et maître de conférence au CHU de poitiers, ont prouvé que certains sels d’aluminium et plus précisément le chlorhydrate d’aluminium présent pour leur fonction anti-transpirante dans certains cosmétiques dont les déodorants sont capables de franchir la barrière cutanée pour se retrouver dans notre organisme (1).
La pierre d’alun, déjà très utilisée par la cosmétologie naturelle, est de plus en plus utilisée comme alternative aux chlorhydrate d’aluminium. Oui mais voilà… L’alun serait aussi un sel d’aluminium…
Dès lors les questions affluent : la pierre d’alun contient-elle de l’aluminium? En quelle quantité et proportion ? sous quelle forme? Ses composants franchissent-ils la barrière cutanée ? Son application présente-t-elle les même risques toxiques que l’application des anti-transpirants remis en cause ?
Les avis divergent, la polémique est lancée…
Qu’est-ce que la pierre d’alun ? D’où vient-elle ?
La pierre d’alun est connue et utilisée depuis l’Antiquité pour ses multiples vertus. Antiseptique, elle permet de lutter contre les bactéries responsables de la mauvaise odeur de la transpiration sans la masquer par une autre. Astringente, elle resserre les pores et raffermit les tissus ce qui limite naturellement la sudation sans la bloquer car la peau continue de respirer.
On la trouve sous forme d’une pierre blanche translucide qu’il faut humidifier puis appliquer sur la peau, intégrée dans des déodorants en spray ou en tous petits cristaux/sable à glisser, par exemple, dans la chaussure ou la chaussette pour un résultat très efficace contre la transpiration des pieds.
Il existe deux « sortes » de pierre d’alun : l’alun naturel ou natif et l’alun de synthèse.
- L’Alun naturel ou natif est dit naturel car il est obtenu à partir d’un minerai extrait d’une carrière d’alunite ou de bauxite. Ces carrières sont le plus souvent situées en Syrie mais on peut en trouver plus généralement sur tout le pourtour Méditerranéen. Le minerai est ensuite purifié de ses impuretés puis recristalisé dans l’eau pour lui donner sa forme caractéristique de pierre blanche translucide. Elle est reconnaissable à son aspect marbré, non uniforme.
Cet alun naturel est de l’alun de potassium à 100%. L’alun potassium est un double sulfate d’aluminium et de potassium aussi appelé « sulfate double de potassium et d’aluminium hydraté » ou « aluminium hydraté ». Il contient de l’aluminium sous forme d’oxydes et d’hydroxydes d’aluminium. C’est donc bien un sel d’aluminium, double.
NB : Attention il existe aussi des pierres d’alun « reconstituées ». Composées également à 100% d’Alun Potassium, ces pierres ne subissent pas le même procédé de cristallisation et sont issues pour la plupart de fabriques asiatiques et de procédés de fabrication industrielle. Vous la reconnaitrez à son aspect plutôt opaque, uniforme. Ses propriétés chimiques sont les mêmes car il s’agit alors également d’alun potassium mais le procédé est moins artisanal et le produit obtenu de qualité différente.
- La seconde sorte d’alun est un alun de synthèse qui est issu de l’industrie chimique. Il est meilleur marché et souvent fabriquée en Asie. Il s’agit d’alun ammonium qui ne possède pas les mêmes propriétés chimiques que l’alum Potassium. L’alun ammonium est fabriqué à base de sels d’amonium ré-agglomérés, résidus de l’industrie chimique lourde asiatique (sous-produit du caprolactame, en provenance des industries de fabrication du nylon notamment).
=> Tous les produits proposés sur Beauté au Naturel sont 100% alun potassium. Indépendamment des risques de toxicité potentiels de chacune des pierres, l’alun amonium ne rentre de toutes façons pas dans nos critères de sélection.
La pierre d’alun présente-telle des risques potentiels de toxicité pour l’homme?
La question n’étant pas tranchée à ce jour, nous vous proposons de mettre en présence les deux positions qui s’affrontent sur la pierre d’alun.
Oui! disent les détracteurs de la pierre d’alun
- « Ce n’est pas parce qu’une substance est naturelle qu’elle ne possède pas les propriétés des sels d’aluminiums fabriqués et commercialisés par l’industrie chimique. Ce sel double (l’alun) présente potentiellement les même risques de toxicité que tous les sels d’aluminium » explique le Docteur Olivier Guillard, biologiste et maître de conférence au CHU de Poitiers, que nous avons contacté.
- Pourquoi? « Si on applique la pierre d’alun sur une peau humidifiée par de la sueur ou si on la mouille, l’alun va se dissoudre comme c’est le cas pour tous les sels d’aluminium » estime le Professeur en toxicologie et spécialiste de chimie minérale Roger Deloncle (1). Il y a alors un risque réel que les ions d’aluminium libérés parviennent pour partie à franchir la barrière cutanée se retrouvant alors dans l’organisme (3). En cela, le Professeur Deloncle s’accorde donc avec le Docteur Guillard pour dire que l’alun potassium présente donc potentiellement les même risques de toxicité que tous les sels d’aluminium. Tous deux déconseillent fortement l’utilisation de tout déodorant contenant de l’aluminium sous quelque forme que ce soit.
Peut-être dit l’Afssaps…
- « Nous manquons de données de caractérisation physico-chimiques et/ou d’absorption cutanée qui nous permettent de voir si l’aluminium de la pierre d’alun est biodisponible dans le corps humain » explique Mostafa Ould Elhkim en charge de l’évaluation du risque des produits cosmétiques à l’AFSSAPS. Il convient donc d’être prudent et il est nécessaire d’évaluer le comportement de la pierre d’alun, sous toutes ses formes, sur la peau, et ceci de façon scientifique afin de pouvoir conclure sur un éventuel risque pour la santé. L’afssaps de conclure qu’à ce stade des connaissances, il convient de saisir la commission européenne afin de définir les conditions d’utilisation sans risque des anti-transpirants et de tout autre produit cosmétique contenant de l’aluminium.
Non répondent les défenseurs de la pierre d’alun!
- l’Alum potassium fait partie des oxydes ou hydroxydes d’aluminium. Les oxydes, silicates et hydroxydes d’aluminium font partie des 660 composants autorisés par le BDIH et par les plus connus des cahiers des charges des cosmétiques naturels et bio : BDIH, Natrue, Ecocert, Cosmébio, Nature et Progrès… Cette autorisation n’est remise en cause par aucun de ces labels au jour où nous rédigeons ce billet, aucune étude publiée ne démontrant leur toxicité (6).
- « L’alun de potassium ne peut pas pénétrer dans la peau car la molécule d’alun est trop grosse. En contact avec l’eau, la pierre d’alun va libérer tous les ions qui la composent à savoir les ions potassium, des ions sulfate et de l’hydroxyde d’aluminium. L’hydroxyde d’aluminium très peu soluble va rester en surface de la peau et va alors agir comme une barrière contre la sudation. Les ions lactate contenus dans la sueur ne peuvent entraîner la solubilité de l’hydroxyde d’aluminium de par une différence de potentiel négative. De plus, de par son effet astringent, l’alun déposé sur la peau va immédiatement agir sur les pores de la peau en réduisant leur taille. Ainsi, sur une peau non lésée, toute pénétration transcutanée de la pierre d’alun est exclue. Et sur une peau lésée, le potentiel passage est jugé infinitésimal »(7). Les molécules sont éliminées par rinçage à l’eau ou par la transpiration (4).
- La molécule d’aluminium à l’état pur est bien trop grosse pour franchir la barrière cutanée d’une peau saine sinon le simple fait de toucher un objet en aluminium serait un risque majeur pour la santé (6).
- Quand bien même l’aluminium pourrait passer la barrière cutanée, l’exposition à l’aluminium contenu dans la pierre d’alun est nettement plus faible que dans le cas d’un anti-transpirant à base de chlorhydrates d’aluminium. En effet, 1kg d’alun potassium contient entre 3 et 5% d’aluminium selon les réponses que nous avons obtenues (6) contre 35% pour le chlorhydrate d’aluminium. Sans compter qu’une pierre d’alun dure près d’un an contre 3 à 4 semaines pour un déodorant (soit 12 à 13 flacons utilisés par an).
- L’Afssaps recommande d’abaisser de 5% à 0.6% la teneur en aluminium pur des déodorants anti-transpirants. Ce pourcentage correspond à la « concentration maximale en aluminium ne présentant pas de risque osseux ou neurotoxique pour une application quotidienne à long terme de produit cosmétique »(2). Cette valeur est délibérément exprimé en pourcentage d’aluminium afin qu’elle puisse s’appliquer aux différentes formes d’aluminium utilisée dans les cosmétiques. Le spray à l’alun Melvita, déodorant contenant de l’alun potassium, a été analysé avant application par 60 millions de consommateurs : le taux d’aluminium retrouvé était inférieur à 0.3% soit un classement dans la catégorie « Bon ». Il y a donc de l’aluminium dedans mais en très faible quantité et sans preuve qu’il franchisse la arrière cutanée sur peau saine.
Comment avons nous rédigé ce billet?
Le travail de Beauté au Naturel au quotidien est de vous sélectionner des produits respectueux de l’homme et de l’environnement. Pour rédiger ce billet, nous avons utilisé différentes sources que vous retrouverez plus bas pour la plupart d’entre elles. Nous ne prétendons à aucune exhaustivité ni à nous substituer aux autorités sanitaires ou aux scientifiques. Nous n’avons cherché qu’à informer au mieux et en toute transparence sur un sujet complexe. Si une erreur s’était glissée dans notre billet, nous sommes bien sûr ouverts à toute suggestion étayée.
Nous tenons tout particulièrement à remercier nos fournisseurs de pierre d’alun (Douce Nature, Karawan, Melvita, Logona, Santé et Tadé) qui nous ont tous répondu avec rapidité et transparence, ainsi que le Docteur Olivier Guillard, biologiste et maitre de conférence au CHU de Poitiers qui a accepté de répondre à nos interrogations avec une très grande disponibilité.
ATTENTION : Ce billet a été rédigé en juin 2012 il est donc possible que depuis de nouvelles informations soient disponibles sur ce sujet. Merci de votre compréhension.
POUR ALLER ENCORE PLUS LOIN : nos sources!
- Déodorants nos analyses, Aluminium des teneurs inquiétantes 60 millions de consommateurs avril 2012 n°470
- L’Affsaps => propos de Mostafa Ould Elhkim, chef d’unité en charge de l’évaluation du risque des produits cosmétiques à l’Afssaps recueillis par 60 millions de consommateurs dans son numéro 470 d’avril 2012 (voir ci-dessus) + Rapport d’expertise « Evaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques » Afssaps octobre 2011.
- Pierre d’alun , les même risques que les sels d’aluminium, février 2012, l’observatoire des cosmétiques, propos recueillis du Professeur Roger Deloncle, Laboratoire de toxicologie et chimie bio-inorganique, faculté de pharmacie de Tours.
- La vérité sur les cosmétiques par Rita Stiens Leduc.s édition 2012 et la vérité sur les cosmétiques Naturels, par Rita Stiens Leduc.s édition, 2006.
- Quand l’aluminium nous empoisonne Virigine Belle Max Millo édition 2010
- Argumentaires et communiqués officiels de nos fournisseurs : Douce Nature, Karawan, Logona, Melvita, Santé et Tadé
- Article sur l’Alun, wikipedia