La grève du troisième ventre
Le mois dernier, lors d’un colloque de la revue de la décroissance Entropia, à Paris, le député des Verts Yves Cochet a tenu des propos surprenants qui n’en finissent plus de faire polémique sur la toile :
Selon lui, un enfant européen ayant «un coût écologique comparable à 620 trajets Paris-New York», il faudrait faire voter une directive baptisée «grève du troisième ventre» qui inverserait l’échelle des prestations familiales.
En d’autres termes, dissuader financièrement les familles qui envisageraient de concevoir un trop-plein d’enfants. «Aujourd’hui, plus on a d’enfants, plus on touche. Je propose qu’une famille continue de percevoir des aides pour les deux premiers enfants, mais que ces aides diminuent sensiblement à partir du troisième», a déclaré le député devant les 150 participants des milieux écologistes et altermondialistes.
(source Libération)
Comme un grand nombre de personnes, je suis choquée de lire de tels propos. Au delà de l’effet d’annonce, exercice dans lequel nos politiciens excellent, cette « solution » aussi radicale que simpliste et discriminante me paraît dangereuse. En dehors de toute considération démographique (le renouvellement de la population n’est-il pas assuré à partir d’un taux de fécondité de 2,1 enfants par femme en âge d’avoir des enfants ?), cette « grève du troisième ventre » a des relents de politique de l’enfant unique franchement nauséabonds. D’ailleurs, pourquoi un troisième enfant polluerait-il plus que le second ? Que le premier ? Il faudra que M. Yves Cochet m’explique.
Et puis, cet argument : « Plus on a d’enfants, plus on touche« , au secours ! Alors donc on ferait des enfants pour l’argent ? C’est amusant, moi j’ai 3 enfants et mon niveau de vie n’a pas vraiment augmenté depuis la naissance de mon petit dernier. Heureusement que nous n’avons pas tenu compte de ce critère qui nous aurait privé de la joie de connaître et de vivre avec notre tornade bien aimée. Décider de faire un enfant est une décision qui se prend à deux, c’est une question d’ordre privé, intime, et qui a mon sens ne devrait pas être légiférée, ni dans un sens, ni dans l’autre.
De toute façon, réduire la vie d’un enfant, d’un être humain, au coût que cela engendre, qu’il soit écologique ou économique, me fait dresser les cheveux sur la tête.
Pénaliser ainsi les familles nombreuses, stigmatiser une partie de la population, revient pour moi à détourner l’attention du vrai problème. Il me semblerait plus pertinent de concentrer nos efforts sur de vraies actions plutôt que sur des paroles polémiques. Consommer moins et mieux, privilégier le développement durable, l’économie responsable, réduire nos déchets et nos dépenses d’énergie, favoriser les sources d’énergie propre et renouvelable… plutôt que de pointer du doigt nos bébés !
Prenons la chose dans l’autre sens. Peut-être faudrait-il faire plus pour encourager les parents à faire des choix plus écologiques quand ils ont des enfants : des subventions pour des couches lavables, pour promouvoir l’allaitement, les encourager de faire de la nourriture fait-maison pour les enfants. Tout cela réduit le « coût écologique » d’un enfant.
C’est effectivement comme cela que je le conçois…
Tout a fait d’acord avec le com d’Erika et j’ajoute que : si tout le monde dans cette planète ferait trois enfants ou plus, peut-être que là;;on pourrait parler de surpopulation et manque de matières premières , mais malheureusement il y a encore plein de couples qui peuvent pas ou bien il font le choix de ne pas avoir d’enfant, donc ça compense pour celles qu’i ont plus de deux!
Réduire l’être humain à un coût écologique est révoltant. L’homme doit être premier, l’inquiétude face à la destruction du système écologique est du à l’impacte que cette destruction aurai sur l’avenir de l’Homme, des hommes de tous les hommes. (sans oublier que un sur deux est une femme)C’est au couple, à la femme de savoir combien d’enfants seront accueillis au foyer. On peut en désirer trois et qu’en vienne un quatrième, être pénalisé par la diminution des allocations familiales c’est réduirez la valeur de l’être humain.
Ce serai une démarche digne des régimes totalitaires nazi ou autre.
C’est à la famille d’être responsable de l’avenir de la terre entière, pas aux gouvernements. éa
Bonsoir,
Je suis d’accord avec vous mais je pense aussi à ceux qui ont plus de trois enfants et vivent des alloc’. Je connais (hélas !) quelqu’un qui l’a fait, il est au chômage mais avec 7 enfants, il s’en sort (mais quelle éducation !). Je veux dire qu’il y en a qui abusent et que ceux qui font un troisième enfant par amour et sont responsables se trouvent ainsi pénalisés.
@ Poussin : attention, là on s’éloigne du sujet… Yves Cochet parle de coût écologique, pas d’abus ou de « fraude » aux allocations.
@ Elisabeth : oui, à mon sens, faire un enfant est une décision privée.
@ Maria : c’est logique !
Et bien moi qui suis mère de 4 enfants, je me sens bien plus « écologique » que bien des parents de 2 enfants : pas de voyages en avion intempestifs, pas de 4 x 4, une nourriture simple, plutôt végétale, bio et/ou locale, des loisirs économiques (vélo, sorties en forêt) et une consommation raisonnée (certains vêtements ont été portés par les 4). Cherchez l’erreur !
Je comprends la révolte que provoquent ces propos d’Yves Cochet, par ailleurs plutôt pertinent. Au-delà de l’effet polémique, il ne s’agit que de réduire le montant de l’allocation perçue pour le troisième, pas de baisser les allocations déjà perçues !
C’est vrai, un enfant occidental est un gouffre écologique… sauf si ses parents son vigilants (et encore, on est forcément plus consommateur qu’un enfant sans eau potable ni argent pour acheter quoi que ce soit). Et il est vrai que quand je regarde autour de moi, je me sens assez seule à faire attention au « coût écologique » de mon enfant (un seul pour le moment mais trois envisagés) : couches lavables, récupération de vêtements, de jouets, déplacements en transport en commun autant que possible.
Si cette phrase choc de M. Cochet pouvait faire réfléchir, ça serait déjà bien… :o)